Histoire

La première mention officielle de Mervelier date de 1184. Cette année-là, un certain Bucco de " Morswilre " témoigne de la vente d'un bien-fonds à Rebeuvelier par Girard, noble de Courrendlin. Selon les historiens, le village de Mervelier n'existait pas encore à cette époque; il s'agissait tout au plus de quelques pauvres masures entourant la propriété d'un noble ayant obtenu des terres dans cette région.

La première mention de Mervelier en tant que commune et village date du 6 juin 1343. Berchi, dit " Duc ", de Mervelier, hôtelier à Bâle, possédait de grands biens dans la région. Il les vend alors à Werner, chapelain de l'évêque de Bâle à la collégiale de Moutier-Grandval et cela pour le prix de 12 Livres et 15 Sols de deniers bâlois.

Le 18 octobre 1356, un grand tremblement de terre détruisit la ville de Bâle et causa d'importants dégâts chez nous également.

Au début du XIVe siècle, Mervelier s'acquittait déjà d'impôts! Le chapelain de la collégiale de Moutier-Grandval avait obtenu, du prévôt et du chapitre, une redevance en argent à Mervelier. Le même chapitre alloua ce tribut aux trois frères Hermann, Conrad et Henri, nobles de Montsevelier.

Mervelier faisait donc partie de la Prévôté de Moutier-Grandval et de la Justice de Corban, accessoirement de celle de Courrendlin. Avec les autres villages de " dessous les Roches ", il devait entretenir les jardins du Prince-Evêque à Delémont, fournir les pieux pour le clore et livrer les poires et pommes sauvages pour presser le verjus (sorte de cidre très amer).

En 1348-1349, la peste ravagea l'évêché de Bâle. Dans la ville même, les décès étaient si nombreux qu'on se résignât à brûler les victimes sur des bûchers parce qu'on ne pouvait les enterrer toutes. A Mervelier, le lieu-dit " Les Malettes " devait servir de refuge aux malheureux pestiférés de la région.

A l'époque de la Réforme, Berne usa de son influence mais aussi de son Traité de Combourgeoisie avec la Prévôté de Moutier-Grandval pour imposer le nouveau culte à toute la Prévôté. Une forte résistance se déploya dans le Val-Terbi, même si quelques familles optèrent pour la nouvelle religion dans le but d'éviter de payer les lourds impôts exigés par le Prince-Evêque. Mervelier, à cette époque, n'avait pas d'église et corollaire logique pas de paroisse et relevait de celle de Montsevelier. Les tractations entre adhérents et opposants à la Réforme furent donc assumées par la paroisse-mère de Montsevelier. Celle-ci se défendit d'ailleurs fort bien avec l'appui des autres paroisses du Val-Terbi car Berne ordonna finalement qu'on laissât aux villages de " dessous les Roches " le choix de leur religion. Elle stipula toutefois que quiconque de ces villages viendrait à habiter la Prévôté ne pourrait y être autorisé s'il n'avait pas adhéré au nouveau culte.

Quoique partie intégrante de la Prévôté, jouissant donc de la protection helvétique, Mervelier connut sa part de souffrances pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Le Val-Terbi accueillait, dans ces moments pénibles, les déserteurs de la Seigneurerie de Delémont, placée sous contrôle des Impériaux. Ceux-ci ne se privèrent pas de punir l'hospitalité offerte aux réfugiés. Nos populations affamées par les mauvaises récoltes durent encore fournir des prestations en nature aux occupants. Les enfants de nos villages furent contraints alors à se rendre à Delémont pour mendier et échapper si possible au triste sort qui les guettait.

La révolte des paysans réveilla les autorités des communes du Val-Terbi. Le 9 juillet 1735, les maires des trois communes de Courchapoix, Corban et Mervelier adressèrent une longue lettre au Prince-Evêque. On parlait de la fidélité des habitants du Val-Terbi au Prince et à la religion catholique, fidélité mal récompensée car les impôts étaient jugés écrasants. Indisposé par cette missive, le Prince ordonna une enquête. Finalement, après l'exécution de Pierre Péquignat, les maires des communes mentionnées prirent peur et firent amende honorable.

En 1791, des troubles éclatent dans l'évêché. Incapable de maintenir l'ordre, le Prince-Evêque demande du renfort à l'empereur. Des troupes étrangères (Autriche, Bohème) arrivent à Porrentruy et sévissent brutalement. Le 22 avril 1792, l'Assemblée nationale française déclare la guerre aux rois de Bohème et de Hongrie. Par ce fait, les Autrichiens, en garnison à Porrentruy, deviennent ennemis de la France. La réaction française ne tarde pas. Le 30 avril, les troupes gauloises entrent dans l'évêché. Le Prince abandonne son château et se réfugie à Bienne. Tout l'évêché est occupé hormis la Prévôté de Moutier-Grandval qui, en vertu du Traité de Combourgeoisie avec Berne, est protégée par la Confédération. Nos villages ne sont donc pas occupés. Seul, Montsevelier, qui appartient à la Seigneurerie de Delémont était menacé d'occupation. Les troupes, pour se rendre dans ce village, devaient obligatoirement emprunter un itinéraire sillonnant les villages " prévôtois " du Val-Terbi. Les habitants de ces villages s'armèrent de faux, fourches et pioches pour défendre leur autonomie mais également pour protéger leur voisine, la commune de Montsevelier. Bénéficiant de cette protection, celle-ci profita de s'autodéterminer en " République de Montsevelier ". Le ravitaillement de cette localité et du Val-Terbi devenait précaire. Aussi, le Prince-Evêque prit-il des dispositions pour faire passer les convois par le canton de Soleure.

En 1815, le Congrès de Vienne attribua les terres jurassiennes de l'évêché au canton de Berne. L'Acte de Réunion n'a pas été accueilli chez nous avec une joie délirante. Mais, habituée par le régime napoléonien à se soumettre aux ordres supérieurs, notre population accepta cependant cette décision surprenante.

Au XIXe siècle, la famine obligea nombre de concitoyens à émigrer vers des terres lointaines (Brésil, Etats Unis d'Amérique); ces faits sont attestés par les registres de l'état civil qui font état de ces nombreux départs. Nos communes payèrent même le voyage à des familles entières pour qu'elles quittent le Jura et autorisent un espoir de vie meilleure à celles qui demeuraient au pays.

Dans le Jura devenu bernois, le gouvernement de Leurs Excellences administrait avec une certaine sagesse mais exerçait sur tout et sur tous une tutelle tracassière. La liberté d'expression était bâillonnée et l'on pouvait être arrêté et emprisonné même pour avoir signé une simple pétition.

Le XXe siècle est dominé par quatre phénomènes précis: les deux guerres mondiales avec leurs épisodes connus, la crise des années 1930 et son lot de sacrifices présent dans la mémoire de tous les survivants et la création du Canton du Jura survenue peu avant les difficultés économiques de la fin de ce siècle. Il est intéressant de savoir que lors du vote historique du 23 juin 1974, notre commune a participé au succès retentissant du peuple jurassien par 242 oui contre 43 non.